PascalFeindouno: Je m’attends Ă  un accueil chaleureux, c’est sĂ»r. C’est mon club formateur, j’ai gagnĂ© le championnat avec les -17 et les pros. Ça sera grand pour moi. J’ai toujours
Qu'est-ce que le moi ? Un homme qui se met Ă  la fenĂȘtre pour voir les passants, si je passe par lĂ , puis-je dire qu'il s'est mis lĂ  pour me voir ? Non ; car il ne pense pas Ă  moi en particulier. Mais celui qui aime quelqu'un Ă  cause de sa beautĂ©, l'aime-t-il ? Non; car la petite vĂ©role, qui tuera la beautĂ© sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mĂ©moire, m'aime-t-on, moi ? Non ; car je puis perdre ces qualitĂ©s sans me perdre moi-mĂȘme. OĂč est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'Ăąme ? Et comment aimer le corps ou l'Ăąme, sinon pour ces qualitĂ©s qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont pĂ©rissables ? Car aimerait-on la substance de l'Ăąme d'une personne abstraitement, et quelques qualitĂ©s qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s. Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualitĂ©s empruntĂ©es.
Pascal, auteur chrétien, grand scientifique, se pose une question : « Qu'est ce que le moi ». Cette problématique, de nature humaine, est une recherche a laquelle beaucoup de philosophe ont tenté de répondre, en vain. Pascal voulait absolument acquérir le savoir du moi, de quoi était il fait, était il réel ou n'était-il qu'une illusion ? Ce texte de Pascal va alors nous montrer

Le moi est haĂŻssable. Vous, Mitton, le couvrez, vous ne l’îtez point pour cela vous ĂȘtes donc toujours haĂŻssable » 494-597. Pascal s’adresse Ă  Damien Mitton, son ami libertin, thĂ©oricien de l’honnĂȘtetĂ©. Celle-ci, selon Pascal, dissimule le moi, l’amour-propre, mais ne l’anĂ©antit pas. Pascal brutalise son ami vous ĂȘtes haĂŻssable malgrĂ© votre altruisme. L’honnĂȘte homme est un hypocrite grĂące Ă  sa civilitĂ© humaine, son moi n’est pas le centre de tout », mais seule la piĂ©tĂ© chrĂ©tienne peut subsumer l’amour-propre sous la charitĂ©. Mais le moi ne s’identifie pas toujours Ă  l’amour-propre dans les PensĂ©es Je sens que je puis n’avoir point Ă©tĂ©, car le moi consiste dans ma pensĂ©e. Donc moi qui pense n’aurais point Ă©tĂ©, si ma mĂšre eĂ»t Ă©tĂ© tuĂ©e avant que j’eusse Ă©tĂ© animĂ©. Donc je ne suis pas un ĂȘtre nĂ©cessaire » 167-135. L’utilisation du moi comme forme substantivĂ©e Ă©tait rĂ©cente. On la trouvait chez Descartes, dont ce fragment des PensĂ©es rappelle la deuxiĂšme MĂ©ditation Peut-ĂȘtre se pourrait-il faire, si je cessais de penser, que je cesserais en mĂȘme temps d’ĂȘtre ou d’exister. » Pascal, lui, insiste sur la contingence, l’absence de nĂ©cessitĂ© du moi. Le moi manque de substance, et la philosophie naturelle est incapable de justifier son existence. Un autre fragment paradoxal des PensĂ©es porte justement pour titre Qu’est-ce que le moi ? » Un homme qui se met Ă  la fenĂȘtre pour voir les passants, si je passe par lĂ , puis‑je dire qu’il s’est mis lĂ  pour me voir ? Non, car il ne pense pas Ă  moi en particulier. Mais celui qui aime quelqu’un Ă  cause de sa beautĂ©, l’aime‑t‑il ? Non, car la petite vĂ©role, qui tuera la beautĂ© sans tuer la personne, fera qu’il ne l’aimera plus » 567-688. On a remarquĂ© que le visage de Jacqueline, la sƓur trĂšs aimĂ©e de Pascal, avait Ă©tĂ© abĂźmĂ© par la petite vĂ©role en 1638, quand elle avait 13 ans. Mais on a surtout pensĂ© Ă  une page des MĂ©ditations de Descartes sur des hommes qui passent dans la rue. Comment savoir, demande Descartes, si la forme qui passe sous un chapeau est un homme ou un automate ? Pascal se sert de la scĂšne autrement. Il ne se demande pas si, pour l’observateur, les passants sont des hommes, mais si l’homme Ă  sa fenĂȘtre m’attend moi. Le moi, ici, n’est plus l’amour-propre, mais ce qui distingue un individu, ce qui en fait une personne. Dans le cadre de la philosophie naturelle, le moi est une rĂ©alitĂ© indubitable, dont nous avons le sentiment immĂ©diat, mais cette rĂ©alitĂ© est incomprĂ©hensible. Chaque homme est une personne, mais cette personne est indĂ©finissable. Ne faisons pas de contresens Pascal ne soutient pas qu’il n’y a pas de moi, mais qu’il est impossible de dĂ©terminer l’essence de chaque moi. Le moi n’est ni une substance ni un accident. L’amour que l’on a pour quelqu’un est insĂ©parable de sa beautĂ©, et, si cette beautĂ© vient Ă  disparaĂźtre, affirme Pascal, l’amour est dĂ©truit. La suite Ă  Ă©couter

Dansce Webinaire en ligne offert, voici ce que tu vas dĂ©couvrir : Harmoniser corps/esprit sans disqualifier le corps. Les organismes de prise en charge pour financer ta formation. Favoriser l’écoute de l’ĂȘtre en calmant le mental et en dĂ©veloppant une prĂ©sence attentive Ă  ce qui se passe et au ressenti. Prendre soin du vivant en journal article LECTURE D'UNE PENSÉE DE PASCAL QU'EST-CE QUE LE MOI? » Les Études philosophiques No. 3, RECHERCHES JUILLET-SEPTEMBRE 1983, pp. 353-356 4 pages Published By Presses Universitaires de France Read and download Log in through your school or library Read Online Free relies on page scans, which are not currently available to screen readers. To access this article, please contact JSTOR User Support. We'll provide a PDF copy for your screen reader. With a personal account, you can read up to 100 articles each month for free. Get Started Already have an account? Log in Monthly Plan Access everything in the JPASS collection Read the full-text of every article Download up to 10 article PDFs to save and keep $ Yearly Plan Access everything in the JPASS collection Read the full-text of every article Download up to 120 article PDFs to save and keep $199/year Purchase a PDF Purchase this article for $ USD. Purchase this issue for $ USD. Go to Table of Contents. How does it work? Select a purchase option. Check out using a credit card or bank account with PayPal. Read your article online and download the PDF from your email or your account. Preview Preview Journal Information La revue, fondĂ©e par Gaston Berger en 1926, et publiĂ©e d’abord Ă  Marseille comme Bulletin de la SociĂ©tĂ© d'Ă©tudes philosophiques du Sud-Est, s’était fixĂ©e une double tĂąche rendre compte des recherches menĂ©es dans les sociĂ©tĂ©s de philosophie et les universitĂ©s dans un cadre rĂ©gional d’abord, et bientĂŽt national, mais aussi faire mieux connaĂźtre les grandes tendances de la vie philosophique au plan international la prĂ©sence d’Edmund Husserl parmi les premiers correspondants de la SociĂ©tĂ© d’études philosophiques en Ă©tant un signe parmi d'autres. Publisher Information Founded in 1921, consolidated in the '30s by merging with three editors of philosophy Alcan, history Leroux and literature Rieder, Presses Universitaires de France today organize their publications around the following lines of force research and reference collections, journals, book collections, and essay collections. Rights & Usage This item is part of a JSTOR Collection. For terms and use, please refer to our Terms and Conditions Les Études philosophiques © 1983 Presses Universitaires de France Request Permissions

durée: 00:04:57 - Un été avec Pascal - par : Antoine Compagnon - Dans le cadre de la philosophie naturelle, le moi est une réalité indubitable, dont nous avons le sentiment immédiat, mais cette réalité est incompréhensible. Chaque homme est une

Le premier jour du Triduum, celui de la Passion, commence le jeudi soir et comprend toute la journĂ©e du vendredi jusqu'Ă  la mise au tombeau. Le deuxiĂšme, jour du Tombeau, commence donc vendredi soir et se prolonge jusqu'Ă  la vigile pascale, samedi soir. Enfin, le troisiĂšme jour, jour de la rĂ©surrection, commence dans la nuit du samedi au dimanche et comprend tout le jeudi soir, les chrĂ©tiens cĂ©lĂšbrent la CĂšne, c'est Ă  dire le dernier repas que JĂ©sus a pris avec ses disciples. Ce soir lĂ , il partage le pain et le vin avec eux, instituant ainsi l'Eucharistie "Vous ferez cela en mĂ©moire de moi". Ce mĂȘme soir, il lave les pieds de ses disciples, signifiant ainsi que les chrĂ©tiens doivent vivre dans la charitĂ© et le service "c'est un exemple que je vous donne". Toujours ce soir lĂ , il leur donne un commandement nouveau "Aimez-vous les uns les autres". En mĂ©moire de ce jour, les chrĂ©tiens assistent Ă  la messe. Ils refont le geste du lavement des vendredi, JĂ©sus est jugĂ© par Pilate et condamnĂ© au supplice de la croix. Il est flagellĂ© et crucifiĂ© entre deux brigands. Ce jour lĂ , les chrĂ©tiens assistent Ă  un office pendant lequel ils font mĂ©moire de cette mort en laquelle ils voient le salut du monde. JĂ©sus offre sa vie. Par sa mort, il s'associe aux souffrances des hommes. Ce jour lĂ , les chrĂ©tiens observent un temps de jeĂ»ne et d'abstinence. C'est un jour de recueillement et de samedi saint, il ne se passe rien. C'est le grand silence du tombeau. C'est un jour de deuil, de solitude, de profond recueillement. Il n'y a aucune cĂ©lĂ©brations. JĂ©sus rejoint dans la mort tous les dĂ©funts passĂ©e, prĂ©sents et Ă  venir, leur apportant ainsi son salut. Dans l'obscuritĂ© luit dĂ©jĂ  la lueur de PĂąque...Samedi soir, c'est la Vigile pascale... durant laquelle les chrĂ©tiens cĂ©lĂšbrent la rĂ©surrection du Christ. C'est une grande cĂ©lĂ©bration durant laquelle on lit les textes de la Bible qui retracent l' histoire de l'Alliance de Dieu avec les hommes. C'est aussi durant cette nuit que sont cĂ©lĂ©brĂ©s les baptĂȘmes des catĂ©chumĂšnes. JĂ©sus est le premier homme Ă  passer de la mort Ă  la vie. Il inaugure une nouvelle vie."Ne cherchez pas parmi les morts celui qui est vivant" la parole de l'ange devant le tombeau vide retentit durant tout le temps pascal jusqu'Ă  la PentecĂŽte Le dimanche de PĂąques est la plus grande fĂȘte chrĂ©tienne. Croire, c'est croire en la rĂ©surrection de LIRE AUSSI.→ Semaine sainte dans la Bible suivre le Christ en actes→ Semaine sainte notre dossier sur cette semaine d'avant PĂąques
Pascal PensĂ©es - Qu’est-ce que le moi ? #Philosophie Jonquille ou Narcisse ? – Photo @Dsirmtcom Mars 2017 Notes philosophiques n° 7 Exercice rĂ©alisĂ© Ă  partir d’un sujet proposĂ© dans l’ouvrage Livres Pour Elisabeth de Fontenay, les "PensĂ©es", avec leurs symĂ©tries, leurs bĂ©ances et leurs reprises, apparaissent comme une machine infernale. Entrant dans "Le Monde de la philosophie", cette oeuvre n'a pas fini de nous interroger. Quelle est la place de Pascal et de son oeuvre dans votre propre itinĂ©raire philosophique ? J'ai eu deux rencontres importantes avec l'oeuvre de Pascal. Une premiĂšre fois, vers l'Ăąge de 15 ans, en lisant le "MĂ©morial". J'ai cru faire une expĂ©rience spirituelle dont je me suis vite aperçue qu'elle relevait d'une violente Ă©motion littĂ©raire. Ce court rĂ©cit d'une illumination mystique, qui commence par "Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants" et se poursuit par "Joie, joie, joie, pleurs de joie", Pascal l'a prĂ©cisĂ©ment datĂ© "L'an de grĂące 1654, lundi 23 novembre .... Depuis environ dix heures et demie du soir jusques environ minuit et demi". Ce qui m'a le plus touchĂ©e, c'est l'inscription du jour, de l'annĂ©e et mĂȘme de l'heure Ă  laquelle est survenue la "grĂące". L'irruption de repĂšres temporels dans la durĂ©e intĂ©rieure, alors qu'il ne s'agit pas d'une lettre, imprime Ă  ce texte une marque violente. Trois siĂšcles plus tard, le poĂšte Paul Celan dira que "le poĂšme parle de la date qui est la sienne ... de la circonstance unique qui proprement le concerne". Je lis le "MĂ©morial" comme un poĂšme. La seconde fois que Pascal s'est imposĂ© Ă  moi, c'est lors de mon travail sur le motif juif dans l'oeuvre de Jean-François Lyotard, quand j'ai relu attentivement les nombreux fragments des PensĂ©es portant sur le judaĂŻsme. Aussi paulinien et augustinien qu'il se veuille, aussi figurative que soit sa lecture de la loi et des prophĂštes, aussi "chiffrĂ©e Ă  double sens" que se rĂ©vĂšle Ă  lui la "lettre" des Ecritures, Pascal possĂšde une exceptionnelle culture hĂ©braĂŻque. Et, surtout, il n'a cessĂ© de creuser le paradoxe qui soutient la fondation du christianisme par ces "juifs charnels", "grands amateurs des choses prĂ©dites et grands ennemis de l'accomplissement". C'Ă©tait lĂ  reconnaĂźtre, et de façon exceptionnelle, l'immensitĂ© de la dette chrĂ©tienne vis-Ă -vis d'une tradition dont la constance, l'obstination lui apparaissaient non comme un scandale historique, mais comme l'Ă©vidence d'un tĂ©moignage. Quel est le texte de Pascal qui vous a le plus marquĂ©e, nourrie, et pourquoi ? MĂȘme si j'admire le courage politique et l'ironie assassine du brĂ»lot thĂ©ologico-politique que constituent Les Provinciales, ce sont bien sĂ»r les PensĂ©es qui m'ont marquĂ©e durablement. Ces 61 liasses de fragments classĂ©s et non classĂ©s, corps textuel toujours dĂ©jĂ  dĂ©membrĂ©, dĂ©fient, tels quels, les genres littĂ©raires de son temps. Car, loin de se prĂ©senter comme une suite d'aphorismes, cette spirale, avec ses symĂ©tries, ses bĂ©ances et ses reprises, apparaĂźt plutĂŽt comme une machine infernale. Aussi les lecteurs incroyants recueillent-ils dans ces Ă©clats bien plus que les linĂ©aments Ă©pars d'une apologĂ©tique. Et ce sont ces Ă©clats que je garde une rhĂ©torique tragique de la dĂ©rĂ©liction face Ă  une nature qui n'est plus un cosmos harmonieux dont l'ordre prouvait l'existence d'un crĂ©ateur mais, dorĂ©navant, un univers infini, dĂ©pourvu de centre de gravitĂ©. Les deux "gouffres" de l'infiniment grand et de l'infiniment petit, que font percevoir, pressentir le tĂ©lescope et le microscope ne suscitent plus dĂ©sormais que de l'effroi. "Effroyable", "effrayant", "s'effrayer", ces mots reviennent sans cesse sous la plume d'un homme qui, auteur d'un traitĂ© expĂ©rimental du vide, est aussi celui auquel, dit-on, il fallait un coussin pour conjurer l'abĂźme qui s'ouvrait sur sa gauche quand il Ă©tait assis. Dans une premiĂšre version du cĂ©lĂšbre fragment 199, "Une sphĂšre infinie dont le centre est partout et la circonfĂ©rence nulle part", Pascal avait Ă©crit "une sphĂšre effroyable". DĂšs lors qu'on la coupe de l'espĂ©rance du salut, l'expĂ©rience ontologique d'un illimitĂ© silencieux dans lequel l'homme ne cesse de tomber n'a en effet rien de contemplatif ni mĂȘme d'interrogatif - elle est seulement "horrible". Mais il ne faudrait pas se hĂąter d'interprĂ©ter cette chute continuelle comme une dĂ©chirure existentielle, mĂȘme s'il est constamment question d'ennui, d'inquiĂ©tude, de vertige, de solitude et de mort. Car, sous-tendant l'angoisse de n'exister que comme pure contingence, "milieu entre rien et tout et pourtant quelque chose", c'est la structure de l'univers qui mĂšne le jeu, et la physique d'abord qui suscite le tragique nul Ă©cart ne se creuse entre le concept et la conscience. Selon vous, oĂč cet auteur trouve-t-il aujourd'hui son actualitĂ© la plus intense ? Aucun philosophe n'oserait dĂ©sormais rejeter Pascal en allĂ©guant son christocentrisme intolĂ©rant, son obsession du pĂ©chĂ© originel et son attachement aux miracles. Car ce qui s'impose comme un dĂ©bat fondamental de notre temps, c'est le cĂŽtĂ© anti-promĂ©thĂ©en de ce savant, sa mĂ©ditation terrifiĂ©e sur la dĂ©mesure, sur la "disproportion". La configuration fragmentaire des PensĂ©es en est le contrecoup, et il rĂ©sonne Ă©trangement dans notre temps. Nous sommes en effet surpris par ce je ne sais quoi d'une forme lacunaire qui aurait rĂ©sistĂ© Ă  l'achĂšvement, par cette syntaxe brisĂ©e, Ă©trangĂšre Ă  toute tentative de dĂ©monstration et qui rĂ©cuse le principe de non-contradiction, tout en se gardant de rĂ©concilier les oppositions d'oĂč procĂšde une Ă©criture parataxique, c'est-Ă -dire une juxtaposition de sĂ©quences sans enchaĂźnements, maniĂšre expĂ©rimentale de sortir du mutisme oĂč nous a jetĂ©s un dĂ©sastre. "DĂ©saveu de la raison conforme Ă  la raison"... Cette "pensĂ©e" aurait pu ĂȘtre Ă©crite par l'Adorno de Minima moralia, dans la mesure oĂč le dĂ©faut systĂ©matique de conclusion, quand tous les repĂšres ont vacillĂ©, apparaĂźt comme la maniĂšre juste de penser. Mais c'est surtout la critique radicale des discours prenant le "je", le "moi" comme objet ou comme fondement, qui fait Ă©clater l'actualitĂ© de Pascal. "Qu'est-ce que le moi ?" me semble la "pensĂ©e" la plus impressionnante aujourd'hui en ce qu'Ă©crite Ă  la premiĂšre personne du singulier, elle liquide aussi bien le narcissisme des uns que le cogito des autres. Au terme d'un examen menĂ© selon les rĂšgles du plus pur scepticisme, "je" ne saurais dĂ©couvrir le moindre noyau substantiel qui rĂ©sisterait au dĂ©pĂ©rissement de mes attributs les plus propres pas de moi profond, pas de personne, pas d'authenticitĂ© qui tiennent, le "moi" ne consistant en derniĂšre analyse qu'en "des qualitĂ©s empruntĂ©es". La subjectivitĂ© arrogante et la mĂ©taphysique du "propre de l'homme" ont reçu lĂ  un trĂšs mauvais coup. Nietzsche ne s'est du reste pas trompĂ© sur cet anti-humanisme radical, lui qui sentait le sang de Pascal couler dans ses veines. "Il faudrait pouvoir,Ă©crit-il, ĂȘtre aussi profond, aussi blessĂ©, aussi formidable que l'a Ă©tĂ© la conscience intellectuelle de Pascal." Quand des discours naturalistes, positivistes, progressistes nient que la responsabilitĂ© oblige Ă  "parier", et qu'ils bouchent ainsi la possibilitĂ© mĂȘme que survienne un Ă©vĂ©nement, le nihilisme pascalien, son pessimisme presque cynique, son dandysme de la grandeur et de la misĂšre, son goĂ»t de la grĂące nous rappellent qu'il y a de l'imprĂ©visible et de l'incommensurable aussi bien en nous que hors de nous. Propos recueillis par Jean Birnbaum Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? 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Je » ne suis plus un terme second, une fois considĂ©rĂ© Dieu, la totalitĂ© de la nature ou la communautĂ© politique, mais la pierre de touche de tout fondement correct. Il semble permis d’apercevoir ici la genĂšse d’une pensĂ©e aux dimensions humaines, et par suite de l’humanisme qui se dĂ©veloppera dans le courant du XVIIIe siĂšcle, voire d’un existentialisme fin XIXe, dĂ©but XXe siĂšcle. Je suis, j’existe », reprĂ©senterait le motif de la subjectivitĂ© triomphante, qui s’affirme contre tous les faux-semblants hĂ©ritĂ©s de la soumission aux conventions religieuses ou sociales – et qui doit culminer dans la possibilitĂ© offerte Ă  l’individu moderne d’enfin ĂȘtre luimĂȘme » ou de venir comme il est ». Pourtant, ce principe est-il un principe si fĂ©cond ? Peut-on aisĂ©ment l’identifier et le mettre existentiellement en avant ? C’est ce que conteste Pascal, dans ce fragment des PensĂ©es publiĂ©es seulement de façon posthume, en 1669 le moi » est pour les ĂȘtre humain sans consistance, il est facteur d’isolement puisque son identitĂ© Ă©chappe Ă  autrui. ProcĂ©dant par rĂ©gression, Pascal Ă©tablit en effet que si je ne suis pas les qualitĂ©s de mon corps, ni celles de mon Ăąme jugement et mĂ©moire, et si ce qui reste est trop abstrait pour me caractĂ©riser en propre, alors on ne peut jamais apprĂ©cier chez moi que ce qui, empruntĂ©, n’est pas moi. Si Descartes fait du moi » l’objet d’une auto-saisie, Ă©vidence hors de doute pour moi-mĂȘme, il passe sous silence la façon dont je » peux ĂȘtre apprĂ©hendĂ© par autrui – cet autre moi autre que moi. L’enjeu n’est pas mince, car comment placer le moi » comme point de dĂ©part des discussions scientifiques, mais aussi morales et politiques, s’il n’est pas partageable, si la subjectivitĂ© indubitable ne permet pas l’inter-subjectivitĂ© ? Ainsi, un homme qui se met Ă  la fenĂȘtre d’une rue, observant les passants, me voit-il vĂ©ritablement, lorsque je passe, demande Pascal ? On pourrait ĂȘtre tentĂ© de penser que oui, c’est d’ailleurs ce que l’on dit j’ai Ă©tĂ© aperçu par cet homme Ă  sa fenĂȘtre », autrement dit, c’est bien moi qui suis l’objet de sa perception. Pascal rĂ©pond pourtant par la nĂ©gative il ne pense pas Ă  moi en particulier ». Et en effet, si j’y songe davantage, la vision qu’il porte vers moi me laisse indiffĂ©renciĂ© de tout autre homme, il pourrait estimer voir n’importe qui d’autre, voire quelque automate humanoĂŻde portant, comme moi, manteau et chapeau. Cette distinction importante avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© introduite par Descartes, dans sa Seconde MĂ©ditation, Ă  propos d’un exemple similaire on a trop tendance Ă  confondre, dans le langage, voir et juger voir. L’homme Ă  la fenĂȘtre ne voit de moi qu’une forme humaine habillĂ©e en mouvement, et juge voir lĂ  un passant. Mais ce jugement n’est que le produit d’une induction, basĂ©e sur ses expĂ©riences passĂ©es toutes les fois qu’il lui a Ă©tĂ© donnĂ© de le vĂ©rifier, les formes humanoĂŻdes en mouvements sous des manteaux et chapeaux correspondaient effectivement Ă  de vĂ©ritables passants, il est donc probable qu’il en soit de mĂȘme actuellement. Simplement, cela signifie qu’à rigoureusement parler, pour l’homme Ă  la fenĂȘtre, ce n’est pas moi ici et maintenant qu’il voit sous ce manteau et ce chapeau, mais un mĂ©lange plus ou moins abstrait d’autres passants. La situation serait parfaitement diffĂ©rente si l’homme Ă  la fenĂȘtre regardait la foule dans le but de m’identifier il m’attendrait parce que nous avons rendez-vous, mais il faut dans ce cas qu’il m’ait dĂ©jĂ  identifiĂ© auparavant, qu’il connaisse dĂ©jĂ  ce que je suis. Pascal suppose alors le cas oĂč nous estimons ĂȘtre le mieux identifiĂ© par l’autre l’amour. L’amour, en effet, s’attache bien Ă  la singularitĂ© de l’ĂȘtre aimĂ©. On peut apprĂ©cier quelqu’un comme un autre ; l’idĂ©e d’amour suppose une impossible interchangeabilitĂ©. Celui qui est aimĂ© est un moi incomparable, identique Ă  lui seul. Mais comment l’amant identifie-t-il vĂ©ritablement l’aimĂ© ? Ou doit ĂȘtre situĂ©e la singularitĂ© qui lui fait identifier une personne unique ? La rĂ©ponse la plus Ă©vidente semble celle de la beautĂ©. L’amant reconnaĂźt l’aimĂ© dans sa singularitĂ© corporelle. S’assurer que l’autre est sensible Ă  ma beautĂ© – et insensible Ă  toute autre beautĂ© potentielle –, cela semble bien vĂ©rifier qu’il est liĂ© Ă  moi Ă  la façon du personnage de Camille au dĂ©but de la fameuse scĂšne d’ouverture du MĂ©pris de Godard. Et pourtant, lĂ  aussi l’identification est rapidement contestable, tant il est aisĂ© de dĂ©solidariser le moi de son existence corporelle la petite vĂ©role aujourd’hui la variole, cette maladie sexuellement transmissible provoquant de fortes Ă©ruptions cutanĂ©es dĂ©truirait ma beautĂ©, sans toutefois me tuer, moi. La reconnaissance amoureuse qui se portait vers mon corps tel qu’il Ă©tait fait donc l’aveu qu’elle n’était pas reconnaissance de ce que je suis. N’est-ce pas prĂ©cisĂ©ment l’inquiĂ©tude de l’aimĂ©e de n’ĂȘtre l’objet que d’un amour de surface, qui s’éteindrait avec la vieillesse ou la maladie ? Il faut donc conclure ce premier jet le moi » n’est pas le corps – et l’autre ne peut, par suite, d’aucune façon me percevoir adĂ©quatement. 1/2 Mais si, selon la SixiĂšme MĂ©ditation, je ne suis certes pas dans mon corps comme un pilote en son navire », il reste que moi, chose pensante, ne saurais me confondre avec mon corps. Et si l’on admet que l’amour de la simple beautĂ© n’est qu’un amour superficiel, c’est qu’il est possible Ă  celui qui m’aime de s’attacher, au-delĂ  de l’apparence physique, Ă  ce qui me semble me caractĂ©riser bien davantage mon jugement et ma mĂ©moire. Le jugement, qui dĂ©signe la synthĂšse personnelle de la rationalitĂ© et des sentiments, et la mĂ©moire, tĂ©moin du vĂ©cu unique de chaque individu, semblent en effet conjointement le jugement est influencĂ© par la mĂ©moire du passĂ©, la sĂ©lection opĂ©rĂ©e dans le tissu mĂ©moriel est l’affaire du jugement me dĂ©finir. Ne se trouve-t-on pas une affinitĂ© avec celui dont les souvenirs correspondent aux siens ? Ne trouve-t-on pas qu’apprĂ©cier les mĂȘmes choses est se ressembler, au point que l’on puisse parler d’ñmes jumelles ou d’ñmes sƓurs ? Descartes, pour dĂ©finir ce que je suis, au dĂ©but de la Seconde MĂ©ditation, parle bien d’une chose pensante, c’est-Ă -dire [d’]une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent », n’est-ce pas lĂ  l’ĂȘtre de jugement, appuyĂ© sur sa mĂ©moire ? Pascal, pourtant, d’invalider Ă©galement cette piste je puis perdre ces qualitĂ©s [mĂ©moire et jugement] sans me perdre moi-mĂȘme ». Aucune situation n’est ici mentionnĂ©e. Comment comprendre une telle affirmation, de prime abord assez contre-intuitive ? John Locke, dans son Essai sur l’entendement humain, vingt ans aprĂšs la publication des PensĂ©es, fera prĂ©cisĂ©ment de la mĂ©moire le marqueur de l’identitĂ© personnelle. Et pourtant, il semble bien que si mon jugement comme ma mĂ©moire se transforment tout le long de ma vie pour s’enrichir ou s’appauvrir, je considĂšre bien que le nourrisson que je vois sur cette photo de famille est bien moi, que je ne meurs pas en changeant d’avis ou en oubliant quelque pĂ©riode de ma vie passĂ©e, et que quels que soient les opinions et souvenirs prĂ©sents dans mon vieil Ăąge, ils seront bien les miens. En d’autres termes, il semble qu’on puisse affirmer avec Pascal que comme la corporalitĂ©, l’orientation prise par ma pensĂ©e n’est qu’une qualitĂ© du moi et ne se confond pas avec lui. L’amant qui s’y attache ne m’identifie pas moi essentiellement. Il ne se lie qu’à des attributs contingents et pĂ©rissables ». Pascal n’est en fait ici pas si Ă©loignĂ© de Descartes la chose pensante doit, certes, ĂȘtre comprise comme ce qui doute, conçoit, affirme et nie, mais indĂ©pendamment de la particularitĂ© de ce qui est conçu, affirmĂ© ou niĂ©. La preuve en est le caractĂšre de pĂ©remption, attribuĂ© aux jugements et Ă  la mĂ©moire pour les diffĂ©rencier du moi. C’est la SixiĂšme MĂ©ditation qui sert ici de soubassement, et la preuve de l’immortalitĂ© du moi le cogito, dont on se saurait concevoir la divisibilitĂ©, ne peut par suite subir quelque corruption. Toute rassurante que pourrait ĂȘtre cette pensĂ©e face Ă  la mort, Pascal en dĂ©voile, pour cette vie, les tristes consĂ©quences personne ne peut m’aimer, car personne ne peut m’identifier. Quant Ă  cette substance de l’ñme, la pure chose pensante dĂ©crite dans Seconde et la TroisiĂšme des MĂ©ditations, Pascal explique que, parfaitement gĂ©nĂ©rale elle concerne toute subjectivitĂ©, elle est abstraite et donc ne s’offre pas Ă  l’apprĂ©ciation humaine [o]n n’aime [
] personne, mais seulement des qualitĂ©s ». Qui pourrait aimer indiffĂ©remment tout homme ? Qui souhaiterait ĂȘtre aimĂ© exactement comme tout un chacun ? Et Pascal de conclure il n’est pas indigne de se faire estimer pour quelque rĂŽle socialement Ă©tabli, quelque honneur public que l’on aurait pu opposer aux Ɠuvres sincĂšres d’une intimitĂ© non compromise par la vie mondaine, car nul ne peut ĂȘtre aimĂ© autrement que pour ce qu’il n’est pas, des attributs qu’il emprunte. Comme pour le fragment des deux infinis, Pascal, assume les renversements de paradigme de la modernitĂ©, mais c’est pour les retourner contre l’ambition qui les portait la subjectivitĂ© cartĂ©sienne n’est pas rĂ©cusĂ©e, mais est mise en lumiĂšre sa stĂ©rilitĂ©, l’isolement vis-Ă -vis d’autrui qu’elle engage et donc son inaptitude Ă  fonder, comme le voudrait Descartes, l’ensemble de la pensĂ©e philosophique les phĂ©nomĂ©nologues et existentialistes, qui reprendront Ă  nouveaux frais, au dĂ©but du XXe siĂšcle, l’ego cartĂ©sien, se verront rĂ©guliĂšrement achopper sur le problĂšme du solipsisme. Comme pour le fragment des deux infinis, c’est tacitement une apologie de la religiositĂ© chrĂ©tienne qui s’exprime – selon le projet initial des PensĂ©es. Qui, en effet, pourra rĂ©pondre au dĂ©sir de chaque individu d’ĂȘtre identifiĂ©, aimĂ© pour ce qu’il est vĂ©ritablement, selon son essence propre, si ce n’est Dieu ? Il n’y a pas d’amour heureux – sauf dans la foi, car seule l’omniscience divine permet de dĂ©passer l’aporie de la demande d’affection humaine. Tout autre lien doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme superficiel, caduc. Pascal ne prouve jamais l’existence de Dieu. Il ne fait jamais de la foi une affaire de raison dĂ©monstrative, mais toujours une affaire de cƓur. Si l’enthousiasme du libre-penseur pour les rĂ©volutions intellectuelles modernes est rabrouĂ© par la mise en lumiĂšre des implications de ces derniĂšres, toute libertĂ© lui est laissĂ©e de se porter ou non vers la religion il n’est question pour lui alors que de voir s’il prĂ©fĂšre un univers sans possibilitĂ© d’amour et de reconnaissance personnelle Ă  celui dans lequel ils peuvent ĂȘtre envisagĂ©s. Comme dans le fragment du pari, Pascal ne s’adresse, en derniĂšre instance, qu’aux intĂ©rĂȘts de l’incroyant dĂ©sire-t-il vraiment s’enfermer dans la misĂšre affective ? Souhaite-t-il vraiment se refuser Ă  la jouissance ? 2/2 VRB7R.
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